Le mot du président de Conciliateurs de France
Lundi 26 février 2024,
Profusion...
Lorsqu’on tape le mot "conciliateur" dans un moteur de recherche, on trouve 3 millions d’occurrences. Pour "médiateur", on en obtient plus de 30 millions, 10 fois plus...!
C’est qu’il y a des médiateurs partout : dans les entreprises, dans les secteurs économiques, chez Carrefour, dans les banques et assurances, dans les administrations, dans les médias,... et même dans la chimie, où il signifie facilitateur. Le mot connaît donc une grande notoriété, à laquelle contribue un peu son parent, le mediator, bien connu des guitaristes et, depuis quelques années, des chroniqueurs judiciaires ...
Sur un plan sémantique, "médiateur" est de la même famille qu’intermédiaire, autrement dit quelqu’un qui va s’interposer pour vous dans le différend. Rassurant !
A l’opposé, notre terme de "conciliateur" présente le désavantage, via son préfixe venant du latin cum-, d’annoncer d’emblée une confrontation. Bien qu’apparu dès les Cahiers de doléances de 1789 et institutionnalisé depuis 1978, il a invariablement gardé cet abord rugueux.
Et il souffre aussi de ne point avoir de traduction évidente dans les directives européennes.
► Que faire devant cette avalanche du vocable médiateur ? Communiquer, communiquer, certes. Mais aussi devenir le point d’entrée incontournable de l’Amiable. Il s’en faut pour que le "pouvoir de conciliation" du juge, dont nous tirons notre légitimité, change de nom.
►Finalement, cette profusion de leur appellation n’est-elle pas plus dérangeante pour certaines catégories de médiateurs que pour nous ? Au point que le Médiateur de la République a préféré devenir Défenseur des droits...
►►Au fond, peu importe si 90% de mes requérants arrivent en disant : "Bonjour, Monsieur le Médiateur..." ; après tout le concept leur a permis de me trouver...
L’important est qu’ils repartent tous en disant : "Au revoir, Monsieur le Conciliateur" et j’ajoute "...de justice".
Lionel FLEURY
